Barnabé, c’est moi de Martine Roland.

Éditions Academia.

Catégorie : Littérature francophone.


Résumé :

Barnabé, garçon de huit ans, à l’enfance bafouée, arrive dans sa troisième famille d’accueil. Il recherchera en vain l’amour exclusif d’Adèle et n’aura de cesse d’affirmer son identité, menacée de partout par un fils mort prématurément, un neveu cacochyme envahissant et la réalité de la mort, inévitable, impitoyable et pourtant consolatrice. Un roman où la vie ne peut suffire sans la mort et où l’enfant fragile et hypersensible, puis l’ado que deviendra Barnabé, captivera le lecteur par son instabilité déstabilisante, mais attachante.



Avis :

Je remercie Martine Roland publiée aux Éditions Academia/L’Harmattan de m’avoir confié son service presse, mais aussi pour sa confiance renouvelée. J’avais lu précédemment : « Un amour de soie ». Cette fois, la quatrième de couverture de cet ouvrage m’a interpellée, car elle laissait présager un récit parfois difficile et émouvant. 



Nous faisons la connaissance de Barnabé, un garçonnet de huit ans, dont l’enfance est bafouée. Séparé de sa sœur, il a déjà connu plusieurs placements dans des familles d’accueil. À présent, il est placé chez Adèle et Albert Brichot. Nous comprenons très vite que c’est « Madame » qui porte la culotte. Barnabé sera-t-il enfin choyé dans ce nouveau foyer ? Ce dernier le mérite tant. Si au début, il semble trouver un peu d’affection auprès de ses nouveaux parents « d’accueil », rapidement la situation va changer.


Rémi, le fils légitime du couple Brichot est mort prématurément… Barnabé recherchera sans cesse l’amour exclusif d’Adèle, en vain. Cette mère en deuil brandira sans cesse le souvenir de ce fils disparu prématurément et fera endosser à son nouveau pensionnaire un rôle qui n’est pas le sien. Le fardeau est bien trop lourd à porter, d’autant plus qu’Adèle accueille également chez elle son neveu, Maxime, dont la santé est très fragile.



Barnabé vivra sans cesse entouré du spectre de la mort… Comment un enfant peut-il s’épanouir dans de telles conditions ? Sa mère de substitution ira-t-elle jusqu’à lui faire perdre son identité propre ? Le jeune garçon devra une nouvelle fois marcher sur des chemins semés d’embûches. Son existence sera constamment mise à mal. Toutes ses tentatives pour être aimé seront vouées à l’échec et il sait pertinemment qu’il ne trouvera jamais grâce aux yeux d’Adèle, sauf s’il obéit à ce que cette grenouille de bénitier attend de lui.



Albert l’aime bien, mais ne veut surtout pas contrecarrer les plans de sa femme. Il se montre discret et préfère s’adonner à sa passion: la construction d’engins volants. Peut-être est-ce une façon de fuir une réalité qui le dépasse ? Toujours est-il que Barnabé paie pour une situation dont il n’est en rien responsable.



Excédé, il fuit la maison et part à la recherche de sa sœur Myriam. Ses recherches le conduisent dans les Ardennes où il fera la connaissance d’un couple d’un certain âge : Alphonse et Marthe. Le garçonnet trouvera du réconfort auprès de ces deux inconnus, mais parviendra-t-il à voir sa sœur ? À lui parler ? Les choses sont bien plus complexes qu’il n’y paraît. Ce court séjour lui aura mis du baume au cœur, mais très vite il devra retourner dans cette famille qu’il n’a pas choisie…



Martine Roland nous offre une intrigue savamment orchestrée. Le récit est rythmé. L’incertitude est omniprésente et l’émotion nous étreint… L’auteure aborde des thèmes difficiles, voire tabous, avec beaucoup de justesse et de sensibilité.



Nous suivrons Barnabé qui se battra sans relâche pour quémander juste un peu d’amour. Malgré tous ses efforts, le destin ne lui facilitera pas la tâche. 


Au fil du récit, Martine Roland dévoile les zones d’ombre qui planent sur le passé de plusieurs protagonistes et les pièces du puzzle commencent à se rassembler pour nous laisser entrevoir une réalité qui dépasse tout entendement.



Barnabé grandit… Son attitude change… ne risque-t-il pas de glisser sur la mauvaise pente ? 



Trouvera-t-il sur sa route quelqu’un pour lui tendre la main ? Sera-t-il capable d’accorder sa confiance perdue ?



Les pages s’enchaînent et nous devenons à la fois le témoin privilégié et impuissant du drame qui se joue sous nos yeux.



Ne dit-on pas qu’il ne faut pas attendre que les orages passent, mais que nous devons apprendre à danser sous la pluie ?



Barnabé X finira-t-il par regarder l’avenir les yeux pleins d’espoir et le cœur en paix ?

 Un personnage attachant et tellement touchant avec ses forces et ses faiblesses.



Un roman poignant qui transpercera les âmes les plus endurcies.


Une véritable ode à la vie, à l’amour, par-delà la mort. 

Un livre qui prend aux tripes et ne nous lâche pas.



Une très belle réussite.



Bravo !

N’hésitez pas, laissez-vous tenter, vous n’en sortirez pas indemne.






Extraits et citations :

« Au début, je trouvais ces confidences cocasses. C’était comme une pièce de théâtre qu’elle rejouait sans cesse, en apartés intrigants. »


« Je partis en contenant ma peine. Le temps était ensoleillé, j’avais cassé ma tirelire et récupéré toute ma fortune, cent vingt-trois euros. J’avais ma carte d’identité ; dans mon sac à dos, quelques vêtements de rechange étaient coincés entre les cahiers et les livres qui l’alourdissaient. »


« Je ne serais jamais Barnabé X. aux doux yeux bleus d’Adèle. Je n’étais plus qu’un enfant d’ailleurs, aux géniteurs alcooliques, à la sœur-fantôme, je ne répondais plus aux critères d’Adèle Brichot. »


« C’était un petit rescapé d’un refuge de la région ; ses ronflements de carlin, que provoquait son nez écrasé, et ses grosses pattes qui lui donnaient une démarche pataude pansèrent les énormes bleus de mon âme. Oui, ma « belle » âme d’enfant avait des bleus, des bleus encore plus grands que lors de mes séjours dans les familles précédentes. »




@Martine Roland

Note : 5/5

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